Le « co-sleeping » est une pratique qui se répand et même revendique dans beaucoup de familles. Dormir avec son enfant permettrait de le rassurer et de conforter les liens.
Motifs et conséquences du co-sleeping
Les motifs invoqués pour expliquer cette habitude
- J’allaite mon enfant et cela m’évite de me lever la nuit
- Cela me rassure, je peux surveiller son sommeil
- Il pleure et ne trouve pas son sommeil s’il est seul dans son lit
- De toute façon il se relève et vient tout seul dans notre lit…
Voici quelques arguments invoqués par les parents pour expliquer cette habitude et en souligner les mérites.
Les premières semaines (voire les premiers mois) de l’allaitement obligent souvent les tétées nocturnes. La présence de l’enfant « à portée de sein » permet de moins perturber la nuit de la mère. Passée cette étape, les parents doivent s’interroger sur les conséquences de cette pratique et sur ce qu’elle révèle d’eux-mêmes et de leur couple.
Co-sleeping : quelles conséquences pour l’enfant ?
La naissance inaugure une séparation physique brutale, tant pour la mère que pour son enfant. Il faut du temps à l’enfant pour réaliser psychiquement cette « défusion ». Il y parvient grâce aux nouveaux modes de communication qui se mettent en place à la naissance. Les regards, les caresses et les paroles qui lui sont adressés vont lui permettre d’intérioriser la réalité de son existence en tant qu’individu. Dormir avec ses parents perturbe cette prise de conscience, et donc son développement psychique ultérieur.
L’inquiétude des parents ne rassure pas l’enfant, bien au contraire ! Il s’imagine qu’il y a un danger à dormir seul. Dès le début de sa vie l’enfant est « connecté » aux émotions de ses parents. Il perçoit très vite leur angoisse, mais n’en connait pas le motif. Il s’approprie cette angoisse et ne peut s’en défendre que par une proximité qui l’empêche de se sentir « séparé ». La nuit, cette proximité devient promiscuité : elle le place alors dans l’intimité de son parent ou du couple de ses parents.
Les psychanalystes reçoivent de plus en plus d’enfants (jusqu’à l’adolescence parfois) souffrant de terreurs nocturnes ou de phobies, rendus incapables de passer une nuit en dehors du lit des parents…
Quelles conséquences pour le couple ou le parent ?
La reprise de la sexualité après un accouchement est souvent délicate. La mère est éprouvée physiquement, bouleversée psychiquement. Le retour du désir est progressif : il ne peut avoir lieu que dans une intimité non partagée avec l’enfant. Il n’a pas sa place dans ce lien intime entre adultes.
Lorsque le parent est seul auprès de son enfant, la promiscuité induite par le co-sleeping est là encore bien réelle. Des pères et des mères confient souvent qu’ils se sentent réconfortés par cette présence dans leur lit. Soigner les angoisses des parents, s’immiscer dans leurs relations intimes, protéger d’une relation sexuelle non souhaitée, réconforter le sentiment de solitude du parent isolé… Est-ce bien le rôle de l’enfant ?
Une thérapie de couple ou individuelle aide à mettre en place un lien de parentalité équilibré, sain pour l’enfant comme pour l’adulte.