syndrome d’échec

Le syndrome d’échec

Chacun connait ou connaîtra un jour l’expérience de l’échec.

Rien de pathologique à échouer à un examen, à perdre une partie de tennis, à faire un mauvais choix professionnel, à ne plus s’entendre avec l’être aimé…

Certains pensent même que l’échec joue un rôle positif dans le développement personnel.

« Je ne perds jamais, disait Nelson Mandela, soit je gagne, soit j’apprends. »

En pédagogie, l’erreur est d’ailleurs considérée comme un puissant outil de compréhension et d’apprentissage. C’est en effet en analysant et en comprenant son erreur que l’élève progresse.

Quand l’échec est une chance

 

Il peut nous arriver de nous réjouir, après coup, de certains de nos échecs les plus cuisants.

Après avoir raté 2 fois son bac, Alex travaille plusieurs mois dans des bars pour s’offrir un billet d’avion pour l’Australie. Deux ans plus tard, il est l’heureux « patron » d’un « Café Français » très en vogue dans une station balnéaire australienne.

Blandine a très mal vécu d’être abandonnée par son fiancé, parti vivre avec une autre femme. Quelques années plus tard, elle apprend qu’il est condamné pour violences conjugales, et se félicite alors de ce qu’elle a tout d’abord perçu comme un échec relationnel.

– Licenciée de son emploi de secrétaire quelques semaines avant l’épidémie de Covid, Valérie a profité de ces longues semaines pour réaliser des lampes et objets de décoration en matériaux recyclés. Après avoir créé un site de vente en ligne, elle vient d’ouvrir un atelier-boutique dans laquelle elle rénove, imagine, et commercialise ses créations.

Ces quelques exemples relatent des « échecs heureux » et des « erreurs d’aiguillage ». Ils n’illustrent pas les expériences vécues par des personnes victimes du syndrome d’échec.

Le syndrome d’échec, qu’est-ce que c’est ?

Le syndrome d’échec désigne un ensemble de conduites répétitives inconscientes, une attitude presque compulsive qui mènent l’individu à vivre irrémédiablement en situation d’échec.

Ces personnes se sentent poursuivies par une fatalité. Elles peuvent donner l’impression d’avoir réellement envie de réussir, mais que des éléments indépendants de leur volonté se dressent systématiquement contre eux.

C’est le cas d’Alain, 35 ans, qui vient consulter avec sa compagne, Isabelle. Marié depuis 5 ans, le couple a un enfant de 3 ans. Alain vient de découvrir l’addiction à l’alcool d’Isabelle, grâce à des amis proches qui l’ont alerté. Lors des entretiens, il apparait que cette addiction est bien antérieure à leur rencontre.

Alain confie alors qu’il a été élevé par une mère et une grand-mère elles-mêmes alcooliques…

Au terme d’une thérapie individuelle, il comprend que cette « répétition » ne doit rien au destin.

Cette répétition est un besoin inconscient de « rejouer » une situation vécue dans le passé comme un échec, une souffrance. Elle exprime une volonté de réparation. Dans notre exemple, Alain rejoue la relation à sa mère, et tente de « sauver » sa compagne de son addiction (ce qu’enfant il n’a pas pu faire pour sa mère).

Quand l’échec exprime un  « désir » de ne pas réussir

Pour le psychanalyste, le terme de conduite (ou syndrome) d’échec sera donc réservé aux actes répétitifs ou compulsifs d’un sujet qui visent à le faire échouer dans ce qui semble être la réalisation de son désir.


Le sujet s’interdit tout succès pour des motifs inconscients, comme dans les cas suivants:

– Obtenir des diplômes alors que son père n’a pas fait d’études peut être culpabilisant. Le sujet est face à un conflit de loyauté.

– S’accorder une retraite agréable quand toute sa vie a été régie par la satisfaction du « devoir accompli ». Pour certaines personnes, la valeur accordée au travail est telle que l’idée même de se complaire dans la retraite est dévalorisante.

– Une promotion professionnelle peut déstabiliser un individu pourtant compétent, et l’amener à saborder son travail et ses relations. On parle alors de « syndrome de l’imposteur »: la personne doute de ses capacités et de sa valeur.

Quand le progrès fait « régresser »

 

Tout changement implique une dépense d’énergie, des efforts d’adaptation, de la créativité.

Le changement a toujours quelque chose d’inquiétant même lorsqu’il paraît améliorer la situation initiale.

Changer c’est accepter de vivre l’inédit, l’inconnu.  Cette situation provoque du stress et pour certains une réaction de fuite et de recul que l’on pourrait comparer à un dispositif de freinage devant l’obstacle.

En se repliant sur des positions antérieures, le sujet revient alors à une situation plus confortable dans laquelle il avait un sentiment de maîtrise, de savoir-faire et de savoir-être.

La cure psychanalytique vise à faire prendre conscience au patient du conflit psychique qui est à la source de ses conduites d’échec.
En comprenant l’origine des situations d’échec qu’il subit, il sera à même d’adapter ses choix et de vivre en harmonie avec eux.