Comment distinguer un « baby-blues » d’une dépression post-partum?
La naissance d’un enfant, même lorsqu’elle est souhaitée, est un événement majeur dans la vie d’une femme. Cette responsabilité nouvelle peut être déstabilisante et entraîner de profondes souffrances. Quoiqu’en pense parfois l’entourage, devenir mère ne va pas de soi !
Le « baby blues » et la dépression post-partum sont deux états très différents, trop souvent confondus.
« Baby blues » ou « dépression post-partum »?
Le baby blues est un état émotionnel qui intervient peu de temps après la naissance et dont les causes sont essentiellement physiologiques. Le taux d’hormones subit une chute brutale qui se répercute sur la sensibilité, l’humeur et l’état de vulnérabilité de la jeune maman.
Enceinte, la femme était le centre de toutes les attentions. Elle se sent maintenant manquer de soutien et d’empathie de la part de l’entourage. Cet état d’extrême sensibilité s’améliore et disparaît en général au bout de quelques jours, notamment si les proches sont soutenants.
La dépression post-partum est bien différente. Elle apparaît en général quelques semaines après l’accouchement et peut durer plusieurs mois après. Le début est souvent insidieux : un baby-blues prolongé puis une humeur redevenue « normale » précèdent parfois les symptômes.
Les symptômes sont ceux d’une dépression « classique »: anxiété, tristesse, auto dévalorisation, perte de sommeil et d’appétit, pensées morbides… La maman a tendance à se culpabiliser de sa propre souffrance, de son absence de plaisir après un événement aussi heureux.
Des dépressions d’intensité et de gravité variables
Chaque année en France, on estime à environ 100 000 le nombre de femmes atteintes de dépression post-partum. Cela représente 10 à 15% des parturientes.
Ces états sont souvent négligés car mis sur le compte de la fatigue lié à l’accouchement. D’autre part, la culpabilité de ne pas ressentir le bonheur attendu conduit souvent la mère à dissimuler ou minimiser ses symptômes.
D’autres symptômes peuvent être particulièrement troublants. Des « phobies d’impulsion » se manifestent parfois : crainte de faire du mal à l’enfant, de le jeter…Il s’agit d’un symptôme fréquent qui n’induit pas la gravité de la pathologie.
Si cet état perdure sans soin, les risques de dépression profonde (mélancolie) et de passage à l’acte (suicide) sont cependant majorés.
Des causes multiples, pas toujours prévisibles
Un antécédent dépressif, notamment de post-partum, est le facteur de risque principal.
Lors de la naissance du premier enfant, une relation conflictuelle mal réglée avec ses propres parents peut également plonger la jeune maman dans un état dépressif.
L’absence d’un conjoint ou d’un entourage soutenant est également un facteur aggravant.
D’autre part, cet état dépressif peut également atteindre le conjoint. Dans les couples, la dépression d’un des partenaires se conjugue en effet souvent avec davantage de conflits, de tensions et de négativité.
Une grossesse ou un accouchement difficile, une lactation insuffisante, un problème de santé du nourrisson sont des causes aggravantes évidentes.
Cependant, le bébé fantasmé pendant la grossesse n’est pas le bébé « réel ». Même lorsque celui-ci se porte bien, le désarroi de la mère peut être intense. Il est alors indispensable qu’elle soit entendue, rassurée, déculpabilisée.
Un soutien thérapeutique est indispensable
Contrairement au baby-blues qui est un état passager et bénin, la dépression post-partum est une vraie maladie. Elle est encore largement sous-diagnostiquée. Ce sont bien souvent les sage-femmes qui en détectent les symptômes.
Un soutien psychothérapeutique est alors indispensable. Les interactions entre la mère et son enfant font défaut lors d’une dépression post-partum. La mère a donc besoin en 1er lieu d’exprimer ses ressentis pour, une fois rassurée et déculpabilisée, s’investir dans la relation avec son bébé.
Cependant, certaines recherches ont démontré la pertinence de prendre en compte d’autres variables, liées au contexte. Plus particulièrement, les relations de la mère et l’enfant avec le père sont centrales dans le développement d’une dépression post-partum. Les relations conjugales peuvent difficilement se dissocier d’une dépression maternelle. Il existe une corrélation qui peut aboutir à un « cercle vicieux » comme à un « cercle vertueux ».
Le psychanalyste peut ainsi recevoir la mère, la mère et son enfant, ou encore le couple et l’enfant. Ce sont des psychothérapies courtes (en général 6 à 12 séances).
Détecter et soigner la dépression post-partum est indispensable à la santé de la mère autant qu’au bon développement de son enfant.