La jalousie entre frères et soeurs déséquilibre toute une famille. L agressivité de ces relations entre leurs enfants laisse les parents très démunis. Gérer la jalousie entre les enfants est parfois compliqué. Voici quelques explications.
Comment s’explique cette jalousie?
Freud considérait la jalousie comme un sentiment constitutif de la relation fraternelle.
La rivalité fraternelle montre que l’enfant comprend qu’il doit partager avec « l’Autre » (le frère, la soeur) l’amour de ses parents. Ce faisant, l’enfant reconnait à cet Autre le même statut que le sien, le même droit à être aimé.
L’enfant jaloux est le plus souvent l’ainé(e). Durant quelques années, il a été l’unique enfant et a absorbé toute l’attention et la tendresse de ses parents. L’arrivée d’un puiné le propulse au statut de « grand ». Il est détrôné par ce nouveau-né (insignifiant à ses yeux) qui suscite tant d’amour et de soins de la part de toute la famille. Il tète quand lui a dû renoncer au sein (ou au biberon). Il pleure et crie sans être grondé (on cherche au contraire à le satisfaire). Il dort parfois près des parents tandis que lui doit accepter d’être seul dans sa chambre…
L’épreuve est dure pour ce tout jeune enfant devenu subitement « le grand ».
La plupart du temps, cette jalousie de l’aîné se transforme au fil des mois en tendresse protectrice envers le petit frère ou la petite soeur. Être grand a aussi des avantages : ses parents le félicitent pour son autonomie, il partage des activités différentes avec eux, il se sent supérieur à son petit frère (sa petite soeur) ce qui le flatte et le rassure.
Il arrive cependant que cette saine rivalité se transforme en jalousie agressive.
Quelle attitude adopter dans ce cas là?
Il est important de ne pas nier ni même minimiser le caractère problématique de cette relation. La jalousie affecte autant l’enfant jaloux que celui qui est jalousé et qui se sent rejeté.
Comment rassurer un enfant jaloux?
En verbalisant que l’arrivée de ce nouvel enfant ne remet pas en cause l’amour que lui portent son père et sa mère. En regardant avec lui les photos de sa propre naissance, en lui racontant des anecdotes le concernant au même âge…tout ce qui lui rappellera l’amour indéfectible qui le lie à ses parents. Il est également nécessaire de nommer le sentiment jaloux qu’il éprouve, non pas pour le gronder ni le culpabiliser, mais pour lui faire comprendre qu’il n’a pas lieu d’être. Il ne s’agit pas cependant de privilégier l’enfant jaloux en espérant désamorcer son agressivité: il trouverait trop de « bénéfices » à maintenir ce type de relation.
Comment rassurer l’enfant rejeté par l’aîné?
Là encore, les mots sont indispensables… Même un nouveau-né est sensible au discours sincère et explicite de ses parents! Un enfant est souvent admiratif de son aîné et cherche à attirer son attention et son amour. S’il se sent méprisé par lui, haï parfois, il en ressentira une profonde blessure narcissique: « je ne suis pas digne d’être aimé ».
Il est nécessaire de le rassurer sur sa valeur, sur sa place et sur l’amour qu’il suscite au sein de la famille.
Pour cela, il est bon d’expliquer l’origine de la jalousie de l’aîné : « Tu n’en es pas responsable ». « Il s’habituera à ne pas être l’enfant unique ». « Nous vous aimons autant l’un que l’autre ».
Si malgré cette bonne communication la jalousie agressive persiste, quelques séances de thérapie familiale peuvent suffire à dénouer les angoisses de l’enfant jaloux comme celles de l’enfant rejeté.